Soirée au boulot. [Camnora]

Une intervention. Jusque là, rien qui ne change des journées de Leonora. Retirant sa combinaison, elle soupire en passant une main dans ses cheveux blonds. Regardant les gars de l’équipe, elle sourit. Le pire a été évité. Un début d’incendie où ils sont intervenus à temps, évitant qu’il t’atteigne les habitations. Sentant une main sur son épaule, Leonora se retourne vivement, ne s’attendant pas à voir la mère de famille. Avant qu’elle ne puisse sortir le moindre mot, la femme la prend dans ses bras en la remerciant chaudement de lui avoir sauvé la vie, ainsi que celle de ses quatre enfants. La blonde la rassure en lui disant que ce n’est rien. Mais c’est pour ça qu’elle aime son métier ; parce qu’elle peut aider les autres. Une fois que la femme la relâche, elle retourne auprès de son équipe pour aider à ranger ce qui reste. Remontant ensuite dans le camion, elle appuie sa tête contre la vitre. Mais au même instant, son téléphone vibre, la faisant sursauter. Décrochant en voyant le numéro de chez elle, elle soupire en entendant la voix d’Aurora qui voulait juste lui souhaiter une bonne nuit. Quand les deux pompiers comprennent qu’il s’agit de la petite blonde, il arrache le téléphone des mains de Leo pour lui parler. Ils adorent l’enfant. Raccrochant après avoir embrassé sa fille, Leonora regarde le paysage qui défile jusqu’à la caserne.

Arrivant, Leo descend du camion et salue ses collègues qui rentrent chez eux. Pour sa part, elle dort à la caserne étant de garde. Elle pourrait très bien dormir chez elle, mais elle préfère être sur place, pour pouvoir agir au plus vite. Rangeant ses affaires dans le vestiaire, son bip à côté, elle va prendre une douche rapide pour enlever l’odeur de fumée dans ses cheveux. Renfilant son uniforme, elle repasse par le vestiaire et sursaute en tombant nez à nez avec Cameron. Il est charmant, et nouveau. Une sorte d’attirance semble exister entre eux, même si Leo refuse de l’avouer. « Hum Cameron, bonsoir. Tu m’as fait peur. Qu’est-ce que tu fais là ? Tu es de garde ? » Elle espère que non, qu’il a juste oublié quelque chose.

Entant arrivée un peu en avance, Leonora avait été présente à la caserne lorsque l’alarme avait raisonné à travers le bâtiment. Elle n’avait donc pas chercher une seule seconde et avait enfilé son uniforme en larguant ses affaires sur la table, pour pouvoir monter dans le camion. Son métier, c’était ce qui lui permettait de faire face à tout. Si elle devait s’arrêter, elle en mourrait. Depuis petite, elle voue une réelle passion pour les hommes du feu, et maintenant qu’elle a réalisé son rêve, elle ne compte pas le lâcher. Pourtant, quand elle a su qu’elle était enceinte, elle a bien cru qu’elle devrait tout lâcher, et l’idée l’avait rendu malade. Pourtant non, son supérieur avait été très compréhensible et l’avait soutenu. Il lui avait dit de garder cette petite crevette qui grandissait en elle, et qu’elle ferait une très bonne maman. Et même si entre temps cet homme est parti à la retraite, elle l’en remercie chaque jour car il ne s’est pas trompé une seule seconde : Alice est son petit rayon de soleil, même lorsque le temps se montre orageux.

Finissant de se laver les cheveux, en repensant à son passé, Leonora sursaute en sortant des vestiaires en tombant nez à nez avec Cameron. Même si elle ne veut pas, ses yeux se portent malgré eux sur son torse plutôt bien musclé. Mais elle se reprend et prend la parole. Sa question est vraiment bête, mais elle espère sincèrement qu’il n’est pas de garde, malgré sa tenue. Dès qu’elle le voit, la blonde perd facilement ses moyens et ça l’agace. Elle ne veut plus éprouver d’attirance pour quiconque, même pour lui. Et pourtant, Aurora souvent lui demande où est son père … Jurant intérieurement, Leo se force à sourire. « Oh je n’étais pas au courant. Personne ne m’a prévenu de ce changement … » Bon dans le fond, elle en est heureuse. Surtout que le troisième de garde avec eux, attend toujours chez lui vu qu’il habite à moins de cinq minutes de la caserne. Sortant du vestiaire, la blonde attache ses cheveux en queue de cheval tout en marchant. Arrivant dans ce qui leur sert de cuisine, elle se tourne vers lui. « Hum t’as déjà mangé ? Parce que sinon je peux partager ma salade césar mais bon, pas sûre que ça te plaise. » Ne pouvant pas faire du sport comme elle le veut, parce qu’il y a Aurora, Leonora compense en faisant attention à ce qu’elle mange. S’avançant, elle commence à chercher des couverts dans le tiroir.

Lors des soirs comme ça où Leonora est de garde, c’est bien souvent Sam qui garde Aurora. D’après ce que sa fille lui a dit, elle adore passer des soirées avec sa tante, qu’elle ne connaît que depuis quelques années maintenant. C’est vrai que Leo a coupé les ponts avec ses parents il y a des années, quand ces derniers ont décidé de placer Sam. La blonde n’a pas apprécié, étant donné que sa sœur aurait peut-être pu venir vivre avec elle, ce qui l’aurait remis dans le droit chemin. Mais non, les Mery n’en avaient fait qu’à leur tête et avaient donc perdu leurs deux filles, par la même occasion. Même si dans le fond, la blonde en souffre, elle préfère rester dans le silence, ne leur ayant jamais pardonné d’avoir placé sa sœur.

Regardant Cameron, la blonde tente de garder un regard neutre. Elle le trouve séduisant, nul doute là-dessus, surtout avec son sourire craquant. Mais elle ne peut pas avoir de telle pensée. Avoir de tels sentiments, c’est bien trop douloureux. C’est bien pour cette raison que la blonde a fermé son cœur à doubles tours, il y a des années, dès qu’un sentiment plus ou moins proche de l’amour la frappe. Elle se contente de sa vie avec sa sœur et sa fille, c’est bien assez comme ça ! Secouant négativement la tête, elle fixe son collègue. « Non personne ne m’a prévenu qu’il y avait eu un accident et que tu faisais le remplacement. Enfin s’il n’a rien que quelques jours d'arrêt, c’est le principal. » Tournant les talons, la blonde se dirige vers la salle de repos servant également de cuisine. Peu de leurs collègues sont présents dans la caserne et les rares sont prêt à aller essayer de grappiller une ou deux heures de sommeil. Cameron les salue sur le chemin mais pour sa part, Leo les a déjà vus. Sortant les couverts, elle se tourne vers lui. « Parce que je cuisine très mal ? » Elle lui lance un clin d’œil, parce que non elle cuisine bien, avant de prendre place. Attrapant sa salade, elle pique sa fourchette dedans. Puis elle se tourne vers lui. « Alors comment ça se fait que t’es pris la garde ? Je te manquais trop c’est ça ? Non mais sérieusement, ils auraient pu te laisser te reposer … Il me semble que t’étais déjà de garde il y a quelques jours non ? » Une vraie mère poule, qui s’inquiète pour lui. Bon même si ses sentiments envers lui sont bien loin de ceux d’une père à son enfant.

Ils ont beau travailler dans le médical, sauver des vies, ils ne sont pas toujours au courant quand l’un des leur est touché. La preuve en est : Leonora n’est même pas au courant que son collègue qui était prévu de garde avec elle a été arrêté pour quelques jours ni que c’est Cameron qui le remplace. Comme moi, il y a un sacré manque de communication dans la caserne mais ça, ce n’est pas la première fois que la demoiselle le pense et le dit. Plusieurs fois, elle a donné l’idée d’un tableau pour tenir informer le reste de l’équipe. Mais son idée est vite partie aux oubliettes et Leo a arrêté d’insister. Et puis, elle s’y est fait maintenant à ce fonctionnement, vu que ça fait un peu plus de dix ans qu’elle est en ville.
Rejoignant Leo à table, après avoir fait de l’humour en disant qu’elle cuisine mal, elle écoute la réponse de Cameron en mâchouillant tranquillement une des feuilles de salade. Finissant sa bouche, elle le pointe de sa fourchette. « Je suis désolée, mais le seul plat que tu ramènes qui a l’air mangeable, ce sont tes pâtes au fromage qui embaume toute la caserne. » Elle lui lance un sourire espérant qu’il ne prendra pas mal ses propos. Elle pourrait lui proposer de l’aider à apprendre à cuisiner, mais pour ça, il faudrait qu’elle le fasse entrer dans sa vie, une étape qu’elle n’est pas prête à franchir. Loin de ça même ! Changeant de sujet, Leo lui demande pourquoi il a pris la garde de leur collègue. Elle trouve ça un peu exagéré, surtout qu’il en a fait une il y a peu de temps ! Oui, même si elle essaye de se convaincre que c’est juste comme ça, elle s’inquiète vraiment pour lui. Les joues de la jeune femme s’empourprent en entendant les mots de Cameron, si bien qu’elle fixe de nouveau sa salade. « Hum … C’est sûr que ça aide à s’intégrer de remplacer comme ça. » Heureusement, son téléphone se met à vibrer au même moment. L’attrapant immédiatement, elle quitte la salle rapidement, téléphone à l’oreille. S’appuyant contre le mur du couloir, Leo parle avec sa fille pendant une dizaine de minutes, avant d’entendre sa respiration longue et régulière, signe de son endormissement. Raccrochant, elle retourne à table, essayant de ne pas repenser à ce qu’il a dit avant. « Désolée, c’était ma fille. »